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Histoire militaire de la France

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Le 2e régiment de Cuirassiers en Belgique


créé par Tanaka le 06/04/2010, modifié par Tanaka le 08/04/2010

La « Drôle de guerre »

Le 2e régiment de Cuirassiers est recréé le 1er janvier 1940 pour servir de régiment de combat au profit de la toute nouvelle division légère mécanique qui est créé à la même date, le lieutenant-colonel TOUZET du VIGIER en prend le commandement. La constitution se fait à Saumur sous l'autorité du Centre d'Organisation Mécanique de la Cavalerie n° 9 d'Orléans, replié à Angers.

Le régiment est constitué d'un état-major, d'un escadron hors rang et de 2 groupes d'escadrons. Le premier groupe d'escadrons est à base de SOMUA-35 et le deuxième à partir de Hotchkiss-39, au nombre de 44 chars par groupe d'escadrons.

Le 2e régiment de Cuirassiers fait partie, avec le 1er régiment de Cuirassier, de la 5e Brigade Légère Mécanique aux ordres du général de la FONT. Cette brigade forme ainsi la brigade de combat de la 3e Division Légère Mécanique du général LANGLOIS.

A partir du mois de janvier, période de sa reconstitution, et jusqu'au 2 mars 1940, le régiment s'équipe des nouveaux matériels qu'il perçoit à Saumur. L'état major et l'escadron hors rang du capitaine MALFROY sont à la Varennes-sur-Loire, le 1er groupe d'escadron du chef d'escadrons CHAVARDES s'installe à Fontevrault avec le 1er escadron du capitaine de BEAUFORT et le 2e escadron du capitaine HARDOIN, alors que le 2e groupe d'escadron du chef d'escadrons VIGNES est à Turquant avec le 4e escadron du lieutenant VIE, et son 3e escadron du capitaine de SAINTE-MARIE-PERRIN à Parnay.

L'encadrement du régiment est le suivant :

Le regroupement du régiment avec sa division au camp de Sissonne commence dès le 28 février, il est totalement à pied d'oeuvre dans cette région au 3 mars. Il y exécute de multiples manoeuvres pour roder le fonctionnement de la division.

Le 8 avril, ayant fini son instruction, le régiment rejoint la zone des Armées à l'est de Cambrais. L'état-major et l'escadron hors rang sont au environ de Boistrancourt, le 1er escadron à Carnières, le 2e escadron à Boussierès, alors que le 2e groupe d'escadrons s'installe à Bevillers.

Le 9 avril, l'alerte n° 1 est déclenché. Les permissions sont annulées. Le régiment doit être en mesure de partir dès la réception de l'alerte n° 2.

Le 14 avril à 02h00, le niveau d'alerte n° 2 est transmis avec impératif d'installation à 09h00, toute la division rejoint sa nouvelle zone de déploiement le long de la frontière belge dans la zone de Condé, Quarouble et Bavay, le 2e Cuirassiers a son état-major et l'escadron hors rang à Salesches, le 1er groupe d'escadrons à Ghissignies et le 2e groupe d'escadrons à  Neuville-en-Avesnois.

Le 22 avril, l'alerte est levée, le régiment reste dans la même zone de déploiement, mais l'état-major et l'escadron hors rang sont localisés à Vendegies-au-Bois, le 1er escadron remplaçant l'état-major à Salesches, alors que le reste du régiment ne bouge pas des positions de début d'alerte.

Le 25 avril, les permissions sont rétablies et une partie des effectifs part.

Campagne de Belgique

10 mai

L'attaque allemande ayant effectivement débuté, le régiment reçoit à 06h10 l'ordre d'alerte n° 1. A 08h30, l'ordre d'alerte n° 3 arrive. Il est alors demander à toute la division d'exécuter la manoeuvre « D ». La mission du régiment est de se porter sur la ligne Wavre-Gembloux en fin de soirée, puis reprendre la progression le lendemain vers Tirlemont-Hannut, voir plus à l'est. Le 13e escadron d'Hotchkiss du 11e RDP est mis à disposition du régiment pendant la durée du déplacement.

Pour la fin de la journée, le régiment devra installer le dispositif suivant : PC à Cortil-Noirmont, 1er groupe d'escadrons dans la zone de Perbais et Chastre, le 2e groupe d'escadrons dans celle de Hévillers et Villeroux et le 13/11RDP à Mont-Saint-Guibert.

Il y a 2 itinéraires à suivre pour le déplacement. Le premier, désigné 1/2, que prend le 1er groupe d'escadrons, les PC du régiment et de la brigade, passe par Jolimetz, Bavay, Noirchain, Givry, Binche, La-Louvière, Trazégnies, Gosselies, cote 159, Wagnelée, Bertichamps, Cortil-Noirmont. Le second, désigné 1/2bis, suivi par le 2e groupe d'escadron et le 13/11RDP, passe par Angre, Elouges, Frameries, Mons, Roeulx, Féluy, Nivelles, Baisy-Thy, Gentimes. L'heure de traversée de la frontière est imposée ; sur l'itinéraire 1/2, le passage doit avoir lieu à 12h45, sur le 1/2bis, c'est à 11h00, mais les commandants de groupe d'escadrons ont l'initiative quand à l'heure de départ. Ils doivent toutefois faire respecter une vitesse de progression de 18 km/h et des haltes de 20 minutes toutes les heures paires.

La colonne du PC part à 11h00, passe la frontière à l'heure imposée. La première halte est faite à 13h40 3 km à l'ouest du carrefour de Givry. La seconde à 15h45 à Trazegnies. Celle-ci est varianté à partir de Gosselies par Fleurus et Sombreffe à cause de bombardement dans la région de Mellet. La colonne nord arrive sur sa zone de déploiement 18h30 pour le PC et le 1er escadron, le 2e escadron arrive quand à lui une heure plus tard.

En ce qui concerne les Hotchkiss, ceux-ci étant beaucoup plus lent, ils arrivent sur leur première zone de déploiement vers 23h30. Les équipages sont très fatigués.

11 mai

Le régiment reçoit de nouveaux ordres à 00h20. Il doit barrer tous les passages sur le ruisseau de Wansin, ainsi que tous les itinéraires sur la ligne Thisnes-Crehen.

Pour rejoindre sa zone d'installation, le régiment suivra un seul itinéraire : Welhain, Sart, Thorombais, Saint-Trond, Perwez, Grand-Rosière, Geest, Gérompont, Autre-Eglise, Folx-les-Caves, Jandrenouille et Merdop.

En fin de bond, le 1er groupe d'escadrons s'installera sur Merdorp et Jandrenouille, le 2e groupe d'escadrons dans Thisnes et Crehen. Le PC sera à Merdorp, le TC1 dans Geest, le TC2 dans Corroy-le-Grand et le TR (Train roulant, partie résiduelle sur roue du régiment non combattant) à Walhain-Saint-Paul.

L'heure de départ à partir de l'entrée ouest de Walhain-Saint-Paul est à 06h00, le 1er groupe d'escadrons passe en tête, puis le PC et ensuite le 2e groupe d'escadrons.

Le 2e groupe d'escadrons et le 13/11RDP n'ayant pu se recompléter faute de colonne de ravitaillement lors de la nuit, le départ est décalé par la brigade.

En arrivant dès 08h30, le 1er groupe d'escadrons s'installe conformément aux ordres, le 1er escadron avec le PC dans Merdorp et le 2e dans Jandrenouille. A 12h00, il est rejoint par les Hotchkiss qui s'installent dans Créhen pour le 3e escadron, Thisnes pour le 4e et Wansin pour le 13/11RDP.

Le régiment est survolé à de nombreuses reprises par l'aviation ennemie pendant toute la journée.

Les réfugiés belges commencent à affluer en provenance de la zone de Liège. A 17h00, 4 officiers belges, porteur du drapeau de leur régiment passe dans la zone du 2e Cuirassiers. Ils indiquent que les allemands sont déjà à Tongres.

A 21h30, 3 sections de canon antichars de 47mm sont envoyés au régiment en renfort. Ils sont installés à la sortie sud-est de Merdorp.

A 23h00, les premiers éléments du 11e RDP arrivent sur les positions du régiment.

12 mai

A 04h00, le PC du régiment est déplacé vers la ferme Saint-Joseph pour avoir une meilleure vue. De cette nouvelle position, les toits de Thisnes sont visibles, ainsi que les abords ouest de Crehen.

A 05h00, les escadrons du 2e groupe rendent compte que le 11e RDP est installé. Le régiment reçoit de nouveaux ordres. Il doit alors barrer la troué d'Hannut en liaison à gauche avec le point d'appui de Jandrain du capitaine LAFFARGUE du I/11RDP et à droite avec la 2e DLM à partir de Dieu-la-Garde.

Le colonel reçoit le commandement des points d'appui de Wansin, Thisnes et Crehen, qui sont tenus par le gros du I/11RDP. Il laisse le 1er groupe d'escadrons dans Merdorp et Jandrenouille en mesure de contre attaquer vers les points d'appui. Alors qu'il aurait du envoyer le 2e groupe d'escadrons vers Ramillies-Offus pour le mettre en réserve de division, il est autorisé à l'installer dans Crehen et Thisnes pour renforcer la défense des deux villages, maigrement défendu par l'infanterie.

A partir de 07h00, Crehen est attaqué violement par de l'artillerie, des chars ennemies surgissent de Hannut et de Villers-le-Peuplier. L'infanterie se replie et laisse les chars du 3e escadron seules dans le village. Ils arrivent à détruire de nombreux chars allemands, mais le village tombe tout de même aux mains de l'ennemi, les chars restants des pelotons CHENU, DUBOYS et BRON se repliant sur Thisnes.

Au cours de la journée, l'occupation de Crehen par les allemands ne semble pas être confirmée. Bien qu'il y ait déjà eu une reconnaissance en milieu d'après midi, le peloton CONSTANTIN est renvoyé à partir de Thisnes. Le sous-lieutenant CONSTANTIN explore le village entre 16h30 et 17h30, ne découvre aucune trace d'allemands et récupère 2 blessés, le maréchal-des-logis MAGNANT et un conducteur, et rentre à Thisnes. Le capitaine GRANEL transmet le compte rendu au colonel TOUZET du VIGUIER qui décide de réoccuper le village en envoyant les pelotons Somua LOTSISKY et PELISSIER aux ordres du capitaine de BEAUFORT.

Alors que les chars ne sont partis qu'à 18h15, une estafette arrive de Thisnes indiquant qu'il a été mitraillé de l'intérieur même du village. Dans les minutes qui suivent le ciel de Thisnes s'embrase, un bombardement par l'artillerie et l'aviation met le feu au village. Des chars allemands sont aperçus en mouvement vers le sud entre Wansin et Thisnes, des parachutages de troupes sont aussi aperçus.

Le colonel annule l'ordre précédent du capitaine de BEAUFORT et lui demande de porter ses chars en attaque de flanc par l'est si faisable, ou de revenir sur Saint-Joseph en défense.

A 22h45, alors que les combats dans Thisnes continuent, le capitaine de BEAUFORT rend compte que seul le peloton PELISSIER a pu revenir de Crehen, moins un char, le peloton LOTSISKY ayant été vu dans Crehen et doit être considéré comme perdu.

Dans Thisnes, les combats font rage pendant plusieurs heures. Ils se terminent en pleine nuit. Tous les Hotchkiss se replient vers Merdorp, sauf ceux du sous-lieutenant CONSTANTIN qui passe par Wansin, puis Jandrain. Au 2e groupe d'escadrons, il ne reste plus que 18 chars Hotchkiss sur les 42 du début au soir de ce premier jour de combat.

A minuit, le sous-lieutenant LOTSISKI est de retour avec une partie de ses personnels, il a perdu 3 chars. Il rend compte que son peloton a détruit au moins 2 chars, des camions, de l'infanterie et une pièce antichar dans Crehen pour la perte du char du maréchal-des-logis BOUQUET, mais que sur le retour la conduite dans la nuit noire a occasionnée la perte de 2 autres Somua par accident. Au 1e groupe d'escadrons, il reste encore 41 chars sur les 45 du début.

Le régiment a pour sa part perdu 2 officiers, 6 sous-officiers et 19 militaires du rang (1 sous-officier et 5 militaires du rang blessés).

13 mai

Dans la nuit, le colonel TOUZET du VIGUIER reçoit l'ordre de déplacer son PC de Merdorp vers Folx-les-Caves et d'installer 2 nouveaux points d'appui à Merdorp et à Jandrenouille.

Le colonel répartie ses moyens entre Merdorp et Jandrenouille. Merdorp, sous le commandement du chef d'escadrons VIGNES, est défendu par le 1er escadron, tous les Hotchkiss du 2e Cuirassiers, aux ordres du Lieutenant VIE, le peloton orienteur, 3 sections antichar de 47mm et les éléments du 11RDP ayant retraités de Crehen et Thisnes vers Merdorp aptes au combat. Au moins une section de 47mm est installée à Saint-Joseph et couvre Wansin de ses feux. Dans Jandrenouille, commandé par le chef d'escadrons CHAVAGNES, il n'y a que le 2e escadron. L'aspirant BOISSEAU est en liaison avec un peloton motocycliste du 2e RDP au nord de Wasseiges.

La matinée est calme. On profite de la situation pour envoyer des reconnaissances vers Thisnes, mais elle ne donne aucun résultat probant.

Vers 11h30, après avoir été survolé à de nombreuses reprises par l'aviation ennemie, les 2 points d'appui subissent un fort bombardement par l'artillerie et ensuite l'aviation.

A 13h00, une masse importante de chars allemands attaque Merdorp par le sud, l'est et le nord. Le peloton PRESLES qui avait la charge du sud de Merdorp est débordé, les sections de 47mm retraitent. L'infanterie allemande s'infiltre, bouscule l'infanterie et le peloton orienteur. Une contre attaque des chars est sans résultat. Le repli de Merdorp vers Jandrenouille est ordonné à 13h40, les chars protègent le repli, notamment le maréchal des logis MUNIER, dernier chars survivant du peloton PRESLES, qui totalement encerclé par l'ennemi, charge celui-ci et après avoir fait le tour du village en détruisant un grand nombre d'infanterie et matériels arrive à rejoindre Jandrenouille.

Vers 14h30, n'ayant pratiquement plus aucune troupe, le chef d'escadrons VIGNES reçoit l'ordre de se rendre à Ramillies-Orfus afin de rallier toutes les troupes qui pourraient s'y rendre, d'assurer la protection du groupe d'artillerie qui est encore au nord de la ville et d'essayer d'avoir une liaison avec la 2e DLM au sud.

Dans Jandrenouille, l'attaque allemande continue, le village est débordé par le nord et le sud, le chef d'escadrons reçoit l'ordre d'abandonner la défense de ce village à 15h30. Tous les chars se replient vers Folx-les-Caves. Ces chars permettent au PC du 2e Cuirassiers de se replier.

En milieu d'après-midi, 2e Cuirassiers doit se replier vers le carrefour Saint-Michel sur la route de Jodoigne. Pour les troupes dans Folx-les-Caves, l'itinéraire à suivre passe par Autre-Eglise, Geets-Gerompont, Mont-Saint-André.

Au carrefour de Saint-Michel, le régiment reçoit l'ordre de se regrouper sur Orbais. Durant cette journée, les pertes sont beaucoup plus élevées, le régiment perd 11 Somua, 4 Hotchkiss, 3 officiers, 9 sous-officiers et 44 militaires du rang.